À la découverte des montagnes oubliées de la République tchèque
Dans l’imaginaire collectif, la République tchèque évoque souvent Prague, son célèbre pont Charles ou encore les châteaux médiévaux qui parsèment le pays. Pourtant, en dehors des sentiers battus, le territoire tchèque abrite une richesse géographique méconnue : ses montagnes oubliées. Ces reliefs anciens, nichés aux confins du pays, sont les gardiens d’une nature intacte, peuplée de légendes bohémiennes séculaires.
Randonneurs, amateurs d’histoire locale ou simples curieux à la recherche d’authenticité, ces montagnes tchèques méritent une attention particulière. En plus de paysages remarquables, elles offrent une immersion dans une harmonie presque mystique entre l’homme et son environnement. Focus sur ces trésors discrets, à explorer loin de l’agitation touristique.
Les monts Orlické : entre forêts profondes et patrimoine militaire
Situés à la frontière polono-tchèque, les monts Orlické (ou Monts des Aigles) sont l’un des massifs les plus injustement méconnus de Bohême orientale. Ce massif modeste, culminant à 1 115 mètres avec le pic de Velká Deštná, est un paradis pour les amoureux de randonnées et d’architecture militaire.
Leur nom provient de la rivière Orlice. Mais c’est surtout leur rôle pendant la Seconde Guerre mondiale qui a marqué l’identité des lieux. Dès les années 1930, un réseau de bunkers, casemates et postes d’observation fut construit, formant une ligne de défense contre l’invasion nazie.
Aujourd’hui, ces fortifications sont ouvertes aux visiteurs et certains itinéraires de randonnée les intègrent dans des circuits thématiques. Les forêts denses offrent une ambiance feutrée, idéale pour se reconnecter à la nature. En automne, les hêtres rougissants y déploient une palette flamboyante qui sublime chaque sentier.
Les monts Jizera : la perle des Sudètes pour les randonneurs
Moins élevés que les monts des Géants (Krkonoše), les monts Jizera s’étendent entre la Bohême du Nord et la Silésie. Le climat y est plus rude, les forêts plus mystérieuses, et le tourisme beaucoup moins développé. C’est cette rusticité qui attire les voyageurs désireux de retrouver l’essence pure des montagnes d’Europe centrale.
Leur nom provient de la rivière Jizera, qui prend sa source dans le massif. Ces montagnes granitiques sont le berceau d’une biodiversité remarquable, grâce aux tourbières et aux vastes plateaux couverts de pins. On y trouve également des formations rocheuses aux formes étranges, objets de nombreuses croyances populaires.
Pour les amateurs de tranquillité, la traversée des crêtes sur des sentiers balisés est l’assurance de journées entières de marche en pleine solitude, seulement ponctuées par les cris des oiseaux ou quelques abris forestiers en bois.
Le massif de Brdy : l’ancien territoire interdit ouvert à la nature
À moins d’une heure de Prague, le massif de Brdy constitue un véritable poumon vert. Longtemps interdit au public en raison de son utilisation militaire, ce vaste plateau forestier a été rouvert en 2016. Depuis, il est devenu un espace protégé, refuge pour de nombreuses espèces animales et végétales.
Contrairement aux autres massifs tchèques, Brdy ne se caractérise pas par ses sommets mais par ses étendues boisées et ses sentiers secrets. C’est un lieu idéal pour le slow tourisme, la randonnée douce et l’observation ornithologique.
Des sentiers balisés guident les visiteurs à travers cette région sauvage, encore peu modifiée par les aménagements touristiques classiques. Un paradis brut pour les photographes et les amoureux des forêts vierges.
Les monts de fer (Železné hory) : géologie ancienne et traditions rurales
Le nom même des Železné hory, ou Monts de Fer, évoque un passé minier. Ce petit massif situé au centre de la République tchèque possède un intérêt géologique unique. Sa structure ancienne est l’un des plus vieux reliefs de Bohême, avec des roches datant du Précambrien.
Traversé par des sentiers de géotourisme, ce massif attire aussi bien les géologues amateurs que les voyageurs recherchant un contact profond avec les paysages ruraux tchèques. Les villages alentour conservent une forte identité culturelle, et il n’est pas rare d’y croiser des artisans utilisant des techniques oubliées.
Outre les paysages, les légendes foisonnent ici autour des anciennes mines, des esprits de la forêt et des frontières invisibles entre les mondes. Une dimension mystique que l’on ressent particulièrement lors de randonnées tôt le matin ou au moment du crépuscule.
Les Carpates blanches : un Éden protégé à la frontière slovaque
Classées réserve de biosphère par l’UNESCO, les Carpates blanches (Bílé Karpaty) se trouvent à la lisière orientale de la Moravie. Ce territoire transfrontalier avec la Slovaquie est connu pour sa faune abondante, ses vastes prairies fleuries et ses forêts anciennes.
Ce massif est l’un des rares endroits en Europe où l’on peut observer autant d’orchidées sauvages. L’été, ses prairies deviennent un tableau vivant de couleurs et de parfums, attirant papillons, ruches traditionnelles et voyageurs en quête d’écotourisme.
Les traditions populaires moraves y sont aussi très vivaces. La culture du vin, la musique folklorique et l’architecture vernaculaire rendent chaque village des Carpates blanches unique. C’est l’un des meilleurs endroits du pays pour découvrir l’âme profonde de la République tchèque, loin des clichés touristiques.
Pourquoi explorer les montagnes oubliées de la République tchèque ?
- Un tourisme durable : ces régions préservées permettent un tourisme doux, respectueux de l’environnement.
- Des activités variées : randonnée, vélo, photographie de nature, découvertes culturelles et historiques.
- Des hébergements alternatifs : éco-lodges, gîtes ruraux et campings nature composent l’offre locale.
- Des légendes vivantes : chaque montagne possède ses mythes propres, enrichissant la découverte du territoire.
- Un rapport qualité/prix avantageux : loin des grandes capitales touristiques, ces régions offrent des expériences riches à moindre coût.
Explorer les montagnes oubliées de la République tchèque permet de renouer avec une nature authentique dont la mémoire est inscrite dans les pierres, les arbres et les histoires transmises de génération en génération. C’est aussi une invitation à ralentir, à observer et à redécouvrir le monde à travers un prisme plus humble et profondément humain.